La ville de 2050 devra être neutre en carbone et adaptée aux conditions climatiques changeantes, avec des infrastructures résilientes aux épisodes extrêmes. Face à un climat plus chaud et des cycles de l’eau perturbés, il faudra repenser l’urbanisme pour assurer mobilité, logement et approvisionnement durables. Les investissements seront nécessaires mais optimisés s’ils sont réalisés de manière simultanée et anticipée. Un témoignage de Benoît Leguet, Directeur général de I4CE et membre du Haut Conseil pour le Climat (HCC).

Quelle est votre vision de la ville de 2050 ?

La ville de 2050, si on ne regarde que les aspects climatiques, sera une ville qui aura réussi simultanément deux choses :  être neutre en carbone et être adaptée au climat du futur. C’est une ville dans laquelle il sera a minima possible de se déplacer, se loger, travailler, consommer, se nourrir et puis, on l'espère, dans laquelle ce sera toujours désirable de le faire.

Pouvez-vous nous brosser un rapide portrait du climat de 2050 et de ce que cela implique en matière d’adaptation pour la ville ?

Nul ne sait à quoi ressemblera le climat de 2050, puisqu’il dépend de nos émissions futures. Ce qu'on peut néanmoins dire, c'est qu'il sera plus chaud qu'aujourd'hui, avec des cycles de l'eau qui seront perturbés. C'est-à-dire pas forcément la même quantité d'eau qui tombera du ciel ou qui arrivera des rivières, pas toujours aux mêmes moments dans l'année et pas nécessairement avec la même fréquence.

Très concrètement cela signifie qu’il faudra s'assurer que nos logements, nos infrastructures de transport, d'approvisionnement mais aussi d'évacuation en eau, soient à la fois zéro émission nette, mais en même temps adaptés au climat qu'il fera alors.

Serons-nous résilients à une crue ? à un épisode pluvieux ? à un épisode venteux ? à une vague de chaleur ? Ce sont toutes les questions auxquelles il va falloir répondre pour s'assurer que la ville reste vivable et que nous pouvons continuer à opérer.

Vous avez publié une étude sur les besoins en investissements face au changement climatique, pourriez-vous nous partager quelques chiffres ?

Premier point, nous n’allons pas pouvoir nous adapter à tout.  Il y a des évènements, des changements du climat, pour lesquels ce ne sera pas possible. Il faudra battre en retraite. Deuxième point, ça ne coûte pas très cher, à condition de faire les investissements au bon moment. Quand on rénove un bâtiment pour s'assurer qu'il va moins consommer d'énergie en hiver, il faut le rénover en pensant qu'il va vivre un été qui sera très différent dans 10, 20 ou 30 ans. Si nous faisons tout cela en même temps, alors ça ne coûte pas très cher. Si on décide de ne pas le faire en même temps, ce qui est aussi une option, dans ce cas, cela risque de coûter un petit peu plus cher parce qu'on va faire les choses de façon séquencée : d'abord le confort d'hiver et puis, dans quelques années, le confort d'été.

 

Découvrez l'interview de Benoît Leguet en vidéo : 

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