6 mai 2025 • Actualité
Les entrées de ville représentent un véritable défi urbanistique pour les communes, oscillant entre espaces fonctionnels et enjeux esthétiques et environnementaux. Pourtant, leur transformation à grande échelle reste entravée par plusieurs freins, qu’ils soient réglementaires, économiques ou sociaux. Regards croisés de Michel-François Delannoy, directeur du département appui aux territoires de la Banque des Territoires et de François Gibert, responsable du programme Action cœur de ville au sein de la Banque des Territoires, à l’occasion de la publication du Livre blanc d’Icade sur les entrées de ville.
Michel-François Delannoy : « Les communes commencent à s’emparer du sujet, comme elles l’ont fait pour leurs centres-villes. Lors de la mise en œuvre du programme Action Cœur de Ville, il est devenu évident qu’il fallait redynamiser simultanément ces deux zones, qui ont souvent été opposées et développées l’une au détriment de l’autre. Il faut repenser les entrées de ville, qui revêtent des réalités différentes selon les villes, dans un contexte de sobriété foncière et d’atténuation du changement climatique.
Frédéric Gibert : « Il ne s’agit pas simplement « d’embellir » ces zones qui ont été qualifiées de « France moche », ce n’est pas qu’une question de qualité esthétique. On a vu déjà trop de projets d’embellissement de centres commerciaux, qui ne remettaient pas en cause le modèle intrinsèque des boîtes à chaussures où l’on accède en voiture. Il faut repenser les fonctions des entrées de villes et réaménager ces sites pour en faire des quartiers mixtes, où l’on peut développer aussi des activités industrielles ou des logements ».
Frédéric Gibert : « Sans doute la capacité à penser l’évolution des entrées de ville. Certaines collectivités ont pris les devants, car l’urgence de réaménagement des entrées de ville s’est imposée à elles. Soit car elles sont en manque de foncier économique, comme à Chambéry. Soit parce que le changement climatique menace des activités. C’est le cas à Cahors où la zone commerciale se trouve en zone inondable et doit être renaturée ou encore à Trignac, près de Saint-Nazaire, où il existe un risque de submersion. Il y aussi des collectivités qui ont commencé à saisir l’opportunité de transformer leurs zones commerciales qui deviennent obsolètes pour faire des logements, comme à Chartres.
Mais il existe peu d’exemples de transformation d’ampleur à date, ce dont les communes ont besoin pour se projeter. Elles ont besoin d’être accompagnées financièrement, car il s’agit d’opérations d’ampleur et de plusieurs années. Mais aussi techniquement. Beaucoup ont encore du mal à appréhender les conséquences de la loi ZAN : elles pensent qu’elle leur impose d’arrêter les constructions, alors qu’il s’agit de limiter puis d’arrêter l’artificialisation. Et non à l’échelle de la commune, mais d’une région. C’est pourquoi nous proposons aux collectivités de travailler sur l’un des quatre thèmes du dispositif « Entrées de ville » sur plusieurs années, d’ici 2026 ».
Michel-François Delannoy : « Nous nous sommes rendu compte que le réaménagement des entrées de ville est moins une question de moyens que de complexité du projet et des modalités de mise en œuvre. Contrairement aux friches industrielles, il y a de l’activité dans les zones commerciales, qu’il s’agit de conserver tout en menant la transformation. Pour les entrées de ville, il faut développer des processus spécifiques favorisant le partage des coûts entre les propriétaires existants de la zone commerciale, qui présente en cela des similitudes avec les commerces de centre-ville, les communes et d’autres acteurs potentiels. Nous sommes aux côtés des collectivités pour faire émerger des projets, mais des opérateurs comme Icade, maitrisant la promotion et l’aménagement, seront essentiels pour réaliser ce travail fondamental d’assemblage ».
Michel-François Delannoy : « Nous avons réservé une enveloppe de 15 millions d’euros pour l’accompagnement des 74 premiers lauréats du programme Entrées de ville ».