24 avril 2025 • Actualité
Avignon, Bourges, Cannes, Angoulême… Ces villes ont fait de la culture un outil essentiel de développement, d’attractivité et de notoriété pour leur territoire. Pour beaucoup d’entre nous, elles se résument d’ailleurs à ce moment culturel intense où les foules se rassemblent et où convergent les médias. Cependant, la taille de la ville n’est pas un critère déterminant en matière de culture. Décryptage avec Bruno Marcillaud, maire de Rungis (94).
Connue pour son festival de musique, Bourges, ville moyenne, est un exemple de ce dynamisme culturel. Elle a déjà été désignée Capitale européenne de la culture en 2028. Parfois, c’est une petite ville comme celle de Marciac dans le Gers, de 1 200 habitants seulement, qui fait le buzz avec son festival de jazz qui attire chaque année environ 250 000 visiteurs. À l’ombre de ces locomotives culturelles, nombreuses sont donc les petites et moyennes villes à s’illustrer par leur dynamisme culturel et/ou sportif. Depuis l’impulsion donnée par André Malraux, ministre de la Culture sous la présidence de Charles de Gaulle, une ville culturelle peut en cacher une autre. L’écrivain a en effet joué un rôle crucial dans le développement culturel des villes en créant notamment les Maisons de la culture et en mettant en place une politique de commande renouvelée auprès d’artistes.
Aujourd’hui, de nombreuses villes se sont dotées de politiques culturelles ambitieuses avec l’objectif d’amener la culture au plus grand nombre, de créer de la cohésion sociale et d’attirer des habitants. C’est le cas de Rungis, renommée pour son marché d’intérêt national, le plus important marché de frais du monde. La ville a la particularité unique en France de compter 6 000 habitants pour 35 000 emplois. Elle doit sa richesse économique à son grand marché, à son importante zone hôtelière (1 800 chambres), à l’aéroport international d’Orly en partie sur son territoire et à la présence du Parc Paris Orly-Rungis d’Icade avec ses quelque 15 000 emplois. Son autre caractéristique, moins connue, est la richesse de son offre culturelle. « Nous avons la chance d’avoir un théâtre de 450 places, une médiathèque, un conservatoire de musique et de danse flambant neuf financé à hauteur de 17 millions d’euros en fonds propres par la commune. Nous investissons, aujourd’hui, dans une ludothèque avec plus de 1 300 jeux et 250 jouets en rénovant un ancien corps de ferme », explique Bruno Marcillaud, maire de Rungis. « Ici, la culture est considérée comme un service public afin de la rendre financièrement accessible à tous sachant que 10 % de la population est adhérente du conservatoire de musique et de danse. L’idée est de permettre à chacun, quel que soit son bagage culturel, d’essayer une sortie culturelle sans se ruiner et de partager un moment de détente avec d’autres », précise-t-il. Nul n’a en effet besoin d’être un amateur averti de théâtre ou de musique pour assister à un spectacle ou un récital de piano.
« Depuis 2020, la Ville de Rungis et Icade soutiennent financièrement le Rungis PianoPiano Festival, premier festival dédié au répertoire pour deux pianos à quatre mains. Fondé par deux pianistes rungissois de renommée internationale, Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle, il fait notre fierté et contribue au rayonnement de notre ville »
Pour sa cinquième édition en octobre 2024, le Rungis PianoPiano Festival avait investi le Théâtre des Champs-Élysées. Avec lui, la politique culturelle municipale sort de la ville et devient un outil au service de son attractivité.
Acteur clé du territoire avec son Parc Paris Orly-Rungis qui accueille plus de 220 entreprises, Icade participe activement à la vie culturelle du territoire avec une programmation artistique et sportive régulière sur la Place des Découvertes proposée à la pause déjeuner aux personnes qui y travaillent. Hip-hop, jonglage, danse, BMX freestyle, acrobaties urbaines… la place se transforme le temps de quelques heures en arène propice aux échanges. Ici comme au centre-ville, la culture multiplie les moments récréatifs, d’ouverture, de découvertes et de rencontres. Bout à bout, ces moments participent à forger un sentiment d’appartenance collectif qui donne un supplément d’âme. Si les villes investissent dans la culture, leur motivation n’est pas économique. Elles le font pour le bien-être de leurs habitants et pour améliorer le vivre-ensemble. Et si assister à un concert ou un spectacle contribuait au « Bonheur Municipal Brut » ? Ce qui est sûr, c’est que la ville de demain ne sera pas que durable, elle devra aussi être plus désirable et plus conviviale. Dans ce futur urbain, la culture a toute sa place, tout comme le sport à l’instar des grands rendez-vous sportifs comme les Jeux olympiques et paralympiques. Le succès populaire qu’a occasionné le passage de la flamme olympique dans de nombreuses villes françaises en constitue la plus belle expression.